Ici le mode d’expression ne définit pas le lieu. Ce que l’on nomme habituellement Théâtre, lieu-de-théâtre, assied son existence sur un fonctionnement bien établi, un ensemble de procédures et de laissez-passer. Nous pouvons bien y découvrir des oeuvres (nous ne nous en sommes pas privés) mais jamais y déposer les nôtres (malgré les promesses sans cesse réitérées). Alors camper devant le fortin ? Faire le pied de grue ? Installer son tipi et tenter d’y faire commerce (peaux de castor contre eau de feu) ?
Ou plus simplement déposer un leurre comme on acte un retrait, un cadeau en forme de cheval de Troie avec autour du cou une pancarte accrochée : « Ceci n’est pas un théâtre ».
C’est au coeur de ce simulacre que « La gare mondiale » organise le déraillement des mots au profit d’un autre lieu (d’un non-lieu ou d’un mi-lieu), de quelque chose qui convoque un autre rapport :
Ici on ne réside pas on crée de la continuité…
Ici on ne diffuse pas on produit ce qui cherche à faire récit…
Ici on ne se regroupe pas on se confronte…
Ces carnets de débordement agissent par fragments, sauts dans le
temps pour rendre compte de l’histoire d’un lieu au moment de sa
transmission.
Cet ouvrage est issu d'une recherche en théâtre obtenue en 2022 auprès de la DGCA (Direction Générale de la Création Artistique) : « Ce qui fait récit dans le processus de transmission d'un lieu-oeuvre ». Elle a été réalisée sous la direction d'Henri Devier avec les interventions d'Olivier Neveux, Éric Da
Silva, Julien Villa, Hugo Fourcade, Sid Katry et Mathilde Priolet. Produite par La gare mondiale elle est cofinancée par la Direction Générale de la Création Artistique et l'Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine (OARA).