Écrire un spectacle sur François Mitterrand, c’est écrire un spectacle sur la génération de mes parents, nés après la Seconde Guerre Mondiale, révolutionnaires en 1968 et convaincus, au soir du 10 mai 1981, que l’élection d’un Président socialiste allait « changer la vie. » Paradoxe étrange : c’est à un homme issu de la bourgeoisie catholique, usé par la IVe République et sali par la Guerre d’Algérie que la « génération 68 » a confié la charge de réaliser ses idéaux libertaires, égalitaires et décentralisateurs. Génération Mitterrand, autopsie tragi-comique des utopies d’une génération, raconte le destin de trois personnages nés en 1950 et qui ont voté Mitterrand en 1981 : Marie-France, journaliste à Paris ; Luc, professeur à Vénissieux ; Michel, ouvrier à Belfort. Avec le récit de leurs espérances et de leurs désillusions, c’est d’abord un portrait du peuple de gauche que nous voulons écrire. Ils incarneront tour à tour leur Président et ce qu’ils comprennent, ou sentent, de ses promesses, de ses trahisons, de ses échecs, de ses réussites. Celui qui fut le héraut de la gauche a fini par symboliser ses renoncements. Après deux ans de tentatives volontaristes, François Mitterrand fait en effet le choix d’une politique de rigueur plus conforme à ce qu’attendent les marchés financiers. Qu’est-ce qui a conduit François Mitterrand à prendre ce chemin, renonçant de fait aux espérances qu’il avait porté pendant sa campagne présidentielle ? Et malgré tout, comment cet homme a-t-il réussi à trouver une place unique dans le coeur des Français et dans l’Histoire de la Ve République, une place qui fait de lui « le dernier des grands présidents » ?