Voilà ce qui arrive quand on confond un rituel de deuil avec une promenade de santé. L’intention était pourtant louable d’aller disperser les cendres de Lucien depuis les calanques de Cassis. Et pas seulement pour le remercier d’avoir cassé sa pipe en gagnant à la loterie et en nous laissant le ticket. Quand le cœur est usé et que le bonheur arrive en retard, même un petit, c’est souvent fatal. Bref, avec Grand Max, on était donc plutôt parti pour faire ça en beauté, avec les vingt mille de Lulu. Éloges funèbres, libations d’usage, recueillement ému, libations d’usage, TGV jusqu’à Saint-Charles, libations d’usage. Mais tout a commencé à dérailler avant même qu’on quitte la Gare de Lyon. Un pauvre avec de l’argent sera toujours suspect, surtout loin de chez lui, c’est comme ça. Pourtant on n’a rien fait de mal, on a juste fait ce que tout le monde fait partout, tout le temps : on a gardé le pognon.
Si encore on avait profité du voyage !
À la lie est le troisième tome de la série des Joblard